Architecte belge né en 1927, Lucien Kroll apparaît généralement comme un agitateur d’idées dans le petit monde trop sclérosé de l’architecture et comme un expérimentateur audacieux mais peu suivi. Un court ouvrage récemment publié rassemble huit textes (non datés), dont “Tout est paysage”, qui donne son titre à l’ensemble,et un cahier de photographies montrant quelques aspects des réalisations architecturales de Lucien Kroll, ce qui ne suffit pas pour se faire une idée de leurs qualités. Ces essais révèlent un moraliste plus qu’un théoricien, un librepenseur plus qu’un propagandiste ;ils nous entraînent à déboulonner l’Architecture de son piédestal et à la placer parmi les Hommes, hors de toute idolâtrie. Le seul hommage, selon lui, qu’on puisse rendre à l’Architecture, c’est d’en faire une dimension ordinaire de l’habiter. Et Lucien Kroll y veille.Depuis longtemps. Depuis longtemps il écoute, avec patience et intérêt, les propos des “habitants”,alors même que la plupar t des architectes rêvent d’exercer leur métier sans jamais rencontrer un habitant, cet empêcheur de construire selon les modes des uns et les caprices des autres ! Pour une opération à Cergy-Pontoise (1976-82),l’architecte mentionne “cinquante-trois réunions”et, là où la majorité des concepteurs auraient considéré perdre leur temps,lui est satisfait ;du reste,il avait prévenu le maître d’ouvrage : “pas d’habitant, pas de plan ”.Cette manie de partir de l’“habitant”e xiste chez lui depuis sa première grosse opération du “quartier des facultés médicales à Woluwé-Bruxelles”(1970 -75) – qui vaut le coup d’œil.Pourtant,la seconde phase n’a pas vu le jour, et les fonctionnaires actuels ont tout fait pour que l’oubli recouvre cette extravagante expérience d’habitat concerté.Depuis,et malgré des revers mesquins et blessants, Lucien Kroll ne peut imaginer un quelconque diagnostic urbain, un projet d’habitat populaire, un plan de lotissement pavillonnaire,le programme d’une réhabilitation sans la parole des habitants. Parole plurielle, contradictoire, problématique, incertaine ou butée, mais à ses oreilles irremplaçable matière première. C’est en cela qu’il est moraliste – et non pas moralisateur : il n’a que faire du politiquement correct ! http://www.urbanisme.fr/archives/ancien/323/Lib/librairie.html
voir l'atelier Kroll
1 commentaire:
le désespoir de mon papa qui devait mettre en œuvre sur le plan technique ses plans...
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