Salle archicomble pour écouter le "maître" Yona Friedman, 85 ans. L'architecte d'origine hongroise a présenté son concept de ponts habités pour la ville chinoise de Shanghai lors d'une conférence le 8 avril à Paris, au Pavillon de l'Arsenal. Avant d'aller en Asie, les maquettes de ces projets sont visibles jusqu'au 1er juin à Bordeaux, dans le cadre d'une exposition rétrospective consacré à l'auteur par le centre d'architecture Arc en rêve. Un lieu dont le nom est approprié pour accueillir un utopiste dans l'âme.
"Etrangement, la rue principale de Shanghai mène le piéton au fleuve, mais elle s'arrête là", s'étonne encore aujourd'hui Yona Friedman. En 2002, l'architecte a proposé de "relier les deux rives de la ville en continuant cette rue au-dessus du fleuve". Une "idée" qui a fait "sourire poliment" les Chinois, mais sans plus. Cinq ans après, le Visual Art Institute de Shanghai expose le concept de pont habité au public, à qui "il plaît". Aujourd'hui, les choses semblent se concrétiser car "un concours entre jeunes architectes chinois" va être organisé. L'une des raisons étant probablement la perspective de "rentabiliser ces gratte-ciel horizontaux".
"Aider l'imaginaire des architectes"
Les multiples maquettes réalisées par Yona Friedman serviront de "programme" aux équipes concurrentes. "Mon travail est d'aider l'imaginaire des architectes, à eux ensuite de conserver telle ou telle partie de ce que je leur suggère", commente avec humilité le concepteur. Techniquement, la structure de tous les ponts habités est la même : "une ossature tridimensionnelle multi-niveaux forme le tablier" et, entre ces barres suspendues à des pylônes, "des volumes utilisés comme commerces, cafés, loisirs, bureaux, jardins…" Les diverses déclinaisons de cette structure s'appellent "pont éclaté", "pont promenade", "pont bazar" ou "pont ellipse". Pour ce dernier, Yona Friedman parle de "pont qui dort dans son hamac", car son tablier tient à plusieurs faisceaux de câbles. Après un feu d'artifice d'images, de croquis et de photomontages, l'architecte a invité l'auditoire à se rendre à Shanghai d'ici "vingt ans", pour "voir tous ces ponts dans la réalité". Les applaudissements ont alors retenti dans la salle, comme pour faire en sorte que le rêve de cet utopiste se réalise. source
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