Ce blog a pour objet de donner vie au projet "mater face B", troisième volet de la plateforme pro territoires2demain. Il constitue le lieu de mise à disposition d'informations qui interrogent les formes possibles des territoires de demain. En milieu urbain, plus rural ou périurbain, de la grande à la petite échelle, de nombreuses questions se posent : quelle forme urbaine, quelle forme architecturale, quel modèle social pour vivre ensemble, quels principes de solidarité et d'action collective, quel rapport à la nature, au patrimoine, quelle place pour la culture, quelles pratiques sociales pour quelles représentations ? Bref, quels territoires dessinons-nous ? Quels territoires voulons-nous ? La diversité des sujets est voulue. Chacun peut se prononcer sur les problématiques qu'ils soulèvent. En complément, le blog horizons urbains offre un regard diachronique sur le recours à l'imaginaire dans la pensée de la ville.

lundi 15 septembre 2008

DU BIENFAIT DES VILLES

"Les innovations majeures se développent dans les grandes villes

A l'occasion de la 8ème Conférence des villes qui s'est déroulée le 11 septembre à l'hôtel de ville de Paris, à l'initiative de l'Association des maires de grandes villes de France (AMGVF), son président Michel Destot plaide pour un renforcement institutionnel et politique des grandes agglomérations françaises et européennes, à la hauteur des enjeux qu'elles portent en matière de compétitivité économique, de cadre de vie et de développement durable.


En quoi les agglomérations peuvent-elles être vecteur de progrès économique et social?
Si on regarde l'histoire des grandes civilisations, on constate que c'est généralement à partir et autour des villes que s'est développée l'humanité: Athènes, Rome, Florence, Paris, Londres ou New-York.
L'Etat-nation est une notion assez récente qui s'est propagée dans le monde essentiellement au 20ème siècle. Si nous faisons le bilan du 20ème siècle, avec ses guerres et ses génocides, nous voyons bien où cela peut conduire.
C'est pourquoi nous plaidons, au plan européen, pour que le fait urbain soit clairement reconnu. En Europe, 80% des gens vivent en ville, 60% dans de grandes villes. Et le phénomène d'urbanisation est un phénomène planétaire.
La question urbaine est donc aussi importante et déterminante que le changement climatique. Faire l'impasse sur le phénomène urbain et sur la réalité des villes serait une grave erreur, lourde de conséquences.

La grande ville ne porte pas toujours une image positive...
Chacun se rappelle que, lors du face à face télévisé de la dernière élection présidentielle, les deux candidats n'ont parlé de la ville qu'en termes négatifs, qu'il s'agisse d'insécurité, de délinquance, ou des difficultés des banlieues. Il faut arrêter de stigmatiser ainsi les grandes villes et de les accuser de tous les maux.
Bien sûr, étant donné leur poids démographique, c'est dans les villes que se concentrent les problématiques sociales. Mais c'est là aussi que se développent les innovations, de tous ordres, techniques, culturelles, sociales, et les institutions qui les portent, comme les universités et les pôles de compétitivité, et c'est là que s'expérimentent les politiques de solidarité.
D'autre part, il n'y a pas de grande politique nationale -environnement, transports, social, économie, recherche, culture- qui ne concerne directement les grandes villes, et ce dans tous les pays. Nous avons donc, nous les élus des grandes villes, le devoir de faire valoir ce qui est expérimenté sur le terrain, de rendre compte de ce qui marche et de ce qui marche moins bien. Or quel est le territoire le plus à même de faire la synthèse entre l'économique, le social et l'environnemental - c'est-à-dire de réunir les trois piliers du développement durable- si ce n'est la grande ville, l'agglomération. Les grandes villes sont le niveau où peuvent se synthétiser les préoccupations du développement durable, pour construire la ville durable.

Comment peut-on lutter contre l'étalement urbain?
En adoptant une autre conception de l'aménagement du territoire. Notre politique en la matière est encore très marquée par l'image "Paris et le désert français", pour reprendre le titre du livre célèbre mais déjà très ancien de Jean-François Gravier: il s'agit de remplir des vides, mais jamais de toucher à l'existant. On aboutit ainsi à une politique pointilliste. Mais si le pointillisme a donné de beaux résultats en peinture avec Seurat et Signac, il n'est pas de mise en aménagement du territoire. Cet arrosage du territoire, qu'il ait été motivé par du clientélisme politique ou parce que le mot d'ordre général était de compenser la puissance de Paris, a coûté très cher au pays.
Les pôles de compétitivité pourraient constituer une intéressante remise en ordre de la politique d'aménagement du territoire. Mais leur longue liste, qui comporte 72 pôles, alors qu'il aurait fallu favoriser l'émergence d'une petite dizaine, risque de perpétuer cette inefficacité propre à tout saupoudrage. Si l'on concentre les moyens sur les agglomérations les plus prometteuses, sur des activités stratégiques données, alors on les met en mesure de faire ensuite retomber les bienfaits de leur croissance sur l'ensemble de la région et de ses entreprises. A cet égard, le maillon manquant dans notre tissu d'entreprises est celui des entreprises moyennes. Or précisément, c'est l'échelon régional qui peut le régénérer, sous l'effet d'entraînement des agglomérations. Je dis qu'il faut concentrer les moyens là où on a les meilleures chances de provoquer des effets bénéfiques sur le maillage économique.

Comment contenir le penchant naturel des Français pour la maison individuelle?
Il ne s'agit pas de faire de la densité, terme qui d'ailleurs peut faire inutilement peur, mais de rechercher la compacité. On peut avoir une ville compacte, bien adossée à ses réseaux de transports, avec des espaces verts et des espaces publics de convivialité. Car les Français ne peuvent plus passer une partie aussi importante de leur vie en voiture, et on constate d'ailleurs un certain retour des jeunes ménages vers les centres-villes.
Mais la compacité, ça s'organise, notamment au travers des Plan locaux d'urbanisme (PLU) et des Schémas de cohérence territoriale (SCOT). Il faut établir une cohérence entre l'urbanisme, les déplacements et le développement économique. Il faut refuser la concentration des logements sociaux, et favoriser la mixité sociale sur l'ensemble du territoire de l'agglomération. Il faut implanter les logements et les équipements le long des lignes de transports collectifs. Tout cela rend indispensable le fait que le président d'agglomération soit élu au suffrage universel direct, pour disposer en toute légitimité de compétences fortes dans ces domaines-clés"". source

dans le même temps voir : "

"Les 4 grands défis Villes 2.0"

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